À quoi sont dus les symptômes de l’endométriose ?

L’endométriose est due à la migration et à l’implantation à l’extérieur de l’utérus, de la muqueuse (l’endomètre) qui recouvre l’intérieur de la cavité utérine et dans laquelle se développe l’embryon en cas de grossesse [Bulun 2019, Dunselman 2014]*. En dehors de la grossesse, l’endomètre est régulièrement éliminé par le vagin à l’issue de chaque cycle lors de la période des règles. Mais lorsque cet endomètre est localisé en dehors de l’utérus, celui-ci ne peut plus être éliminé par les règles. Cet endomètre exfiltré saignera au rythme des règles en provoquant une inflammation locale, génératrice de douleurs et dépendante du cycle ovarien [Morotti 2017]*. Avec le temps, il peut apparaitre un tissu cicatriciel responsable d’adhérences réduisant la mobilité des organes génitaux, notamment au niveau des ovaires ou du conduit entre les ovaires et l’utérus (trompes de Fallope). [Bulun 2019, Zondervan 2020]*. L’endométriose et ses symptômes peuvent entraîner de nombreuses comorbidités et maladies associées aux patientes atteintes.

Comorbidité principale : l’infertilité. Pourquoi le risque est-il majoré ?

Outre les dyspareunies qui peuvent raréfier les rapports sexuels, le risque d’infertilité est majoré de plusieurs façons : soit par obstacle mécanique avec des adhérences ou rétractions fibreuses au niveau des trompes de Fallope, soit par une inflammation qui va altérer les ovocytes ou gêner la fécondation par les spermatozoïdes, ou bien soit par une atteinte utérine perturbant la nidation de l’ovocyte fécondé [Crepin 2021, Lessey 2011]*. Enfin lorsque l’endométriose atteint les ovaires, elle peut provoquer des kystes (appelés endométriomes) qui vont diminuer le nombre d’ovocytes disponibles pour une éventuelle grossesse. La préservation de la fertilité est donc une dimension à intégrer précocement dans la prise en charge de l’endométriose, notamment avec les protocoles d’aide médicale à la procréation, dont la fécondation in vitro ou bien la congélation des ovocytes (cryoconservation) qui permettent d’espérer un meilleur niveau de fertilité.

Quels sont les autres comorbidités associés à l’endométriose ?

Il convient avant tout de rappeler que l’endométriose n’est pas contagieuse et n’est pas une maladie sexuellement transmissible. Tout en restant faible dans l’absolu, on a observé chez les patientes présentant une endométriose un risque augmenté de cancer de l’ovaire [Kvaskoff 2020, Zondervan 2018]*. Cependant aucune autre relation avec les cancers non gynécologiques n’a pu être montrée, sauf peut-être pour le cancer de la thyroïde. En particulier aucune relation n’a été établie entre l’endométriose et le mélanome, le cancer rectal ou le cancer de l’utérus. L’association de l’endométriose avec certaines maladies auto-immunes a été évoquée, mais reste à démontrer (lupus érythémateux disséminé, syndrome de Gougerot-Sjögren, polyarthrite rhumatoïde, maladie cœliaque, sclérose en plaque, maladies inflammatoires intestinales) [Shigesi 2019, Zondervan 2018]*. Le caractère inflammatoire et le stress biologique liés à l’endométriose peuvent expliquer l’observation d’une augmentation du risque cardiovasculaire (infarctus du myocarde, angine de poitrine) et dans une moindre mesure une sensibilité à l’asthme [Kvaskoff 2015]*.

Nouvelles données sur l’influence des règles précoces dans l’endométriose

L’endométriose concerne jusqu’à 10% des femmes en âge de fertilité. La précocité des règles (avant l’âge de 12 ans) est régulièrement citée comme facteur de risque d’endométriose [Vercellini – 2014].

Une récente publication présente une méta-analyse rassemblant les résultats de 16 études internationales publiées entre 1989 et 2017 sur ce sujet et portant sur un nombre très important de femmes (882.788). Cette méta-analyse (méthode statistique utilisée pour obtenir le niveau le plus élevé de preuve) confirme que les règles précoces accroissent le risque de survenue d’une endométriose. Cette augmentation du risque global de 34% sur la période des études, mais avec une progression observée au cours des dernières décennies : L’augmentation de risque passerait en effet de 13% selon les études publiées avant l’an 2000 à 62% pour celles publiées après. L’étude Française E3N réalisée il y a plus de 10 ans auprès de 75.918 patientes avait déjà montré une augmentation de près de 20% du risque d’endométriose en cas de règles précoces [Kvaskoff – 2013].

Cette évolution croissante de l’impact de la précocité des règles, sur le risque de présenter plus tard une endométriose, semble par ailleurs particulièrement marquée dans les pays à faibles revenus [Lu – 2023]. La précocité des règles, dont l’âge moyen d’apparition a diminué au cours des dernières générations, est donc un facteur important à intégrer dans la compréhension du développement de l’endométriose.

Mise-à-jour : mai 2023

*Références bibliographiques