Appel à Projets 2023 : les projets de recherche sélectionnés

La Fondation pour la Recherche sur l’Endométriose (FRE) a pour mission d’accélérer la recherche afin de mieux comprendre une pathologie encore trop mystérieuse et d’identifier des solutions diagnostiques et thérapeutiques à court et moyen termes. Pour ce faire, elle encourage et soutient les initiatives les plus innovantes et pertinentes pour les malades.

Pour son 3ème appel à projets, le Comité Scientifique de la FRE a sélectionné 4 projets originaux et de haute qualité scientifique. Un d’entre eux ouvrent des applications court terme pour soulager la douleur des patientes. Les trois autres mettent en œuvre des outils innovants et performants mis à la disposition de la compréhension des mécanismes de la maladie. Les résultats de ces projets paveront le chemin pour l’identification de solutions de meilleure prise en charge de la maladie.

Projet 1 : L’impact de l’ostéopathie postopératoire

Impact de mobilisations viscérales ostéopathiques sur la qualité de vie post opératoire de patientes opérées pour une endométriose, par le Pr Nicolas Bourdel, chirurgien gynécologue au CHU Clermont-Ferrand et Caroline Dechambenoit, ostéopathe kinésithérapeute, Cabinet Akos Clermont Ferrand, professeur IFSO-Vichy.

L’une des complications postopératoires les plus courantes de la chirurgie gynécologique, et en particulier de la chirurgie de l’endométriose, est la formation d’adhérences péritonéales conduisant à une immobilisation des organes, entrainant des douleurs abdominales.

A ce jour, aucune solution non invasive n’est proposée. Les approches non médicamenteuses ou non chirurgicales sont de plus en plus utilisées comme thérapies complémentaires dans la prise en charge de l’endométriose mais bien souvent leur intérêt est insuffisamment démontré scientifiquement. C’est le cas de l’ostéopathie, de plus en plus évoquée pour rendre de la mobilité à la région pelvienne dans certains cas d’endométriose.

L’objectif de ce projet est de montrer cliniquement si des manipulations pré et post opératoires permettent de diminuer la douleur abdominale et d’améliorer la qualité de vie des patientes opérées. En démontrant les bénéfices de cette pratique, le projet permettrait une recommandation et une mise en œuvre plus généralisée de l’ostéopathie en complément de la chirurgie et de soulager un grand nombre de patientes.

Projet 2 : La compréhension du rôle des hormones stéroïdiennes

Développement de méthodes analytiques de pointe pour mieux comprendre les hormones stéroïdiennes impliquées dans les mécanismes de l’endométriose et permettre l’identification de nouveaux biomarqueurs, par Anne-Lise Royer, LABERCA UMR 1329.

On sait que les œstrogènes jouent un rôle primordial dans le développement de l’endométriose, mais l’ensemble des molécules impliquées et leur mécanisme d’interaction est encore mal connu. L’objectif de ce projet est de développer de nouvelles méthodes d’analyse de pointe issues de la métabolomique qui permettront de mesurer plusieurs stéroïdes reconnus comme pertinents dans le diagnostic et les mécanismes de l’endométriose et d’élargir ainsi la connaissance et la compréhension des molécules impliquées dans l’endométriose.

Ce projet innovant devrait amener à une détection plus précoce de l’endométriose en permettant de doser des biomarqueurs stéroïdiens dans le serum et l’urine. Il pourrait même ouvrir la porte vers des stratégies de traitement personnalisées, améliorant ainsi la vie des femmes touchées par cette maladie.

Projet 3 : Comprendre la biomécanique des tissus

Comprendre la biomécanique des tissus malades d’endométriose, par le Dr Madge Martin, CNRS, Laboratoire MSME UMR 8208.

On sait aujourd’hui que l’endométriose altère les propriétés mécaniques des tissus et que ces évolutions pathologiques ont un impact sur la douleur pelvienne et le fonctionnement des organes. Les organes sont plus contraints tandis que les tissus se raidissent et que l’utérus se contracte anormalement. Ce sont des éléments déterminants dans l’expérience des patientes car ils sont directement liés à deux symptômes majeurs de l’endométriose : la douleur et l’infertilité.

Le projet met en œuvre des outils innovants et variés, incluant notamment des tests mécaniques et de la caractérisation histologique (étude des tissus et cellules). Ces méthodes permettront de mesurer la rigidité des tissus, et également parvenir à cartographier les déformations et la structure des tissus malades. Ce projet sera la première caractérisation mécanique de tissus endométriosiques. L’étude de la biomécanique de l’endométriose pourrait être un outil clé dans la prévention et le traitement de la pathologie en permettant de mieux comprendre les mécanismes à l’œuvre dans les douleurs de l’endométriose.

Projet 4 : Comprendre le rôle de l’innervation de l’utérus dans la douleur

Comprendre l’anatomie de l’innervation de l’utérus et son rôle dans la douleur pelvienne de l’endométriose, par le Dr Krystel Nyangoh Timoh, INSERM MediCIS, à Rennes.

Plusieurs recherches récentes indiquent que l’endométriose pourrait être liée à des changements dans la manière dont l’utérus est connecté au système nerveux. Les tissus liés à l’endométriose poussent près des nerfs et semblent être connectés à eux. Cependant, ces études se sont basées sur de petits échantillons de tissu et non sur des utérus entiers. De plus, on en sait encore peu sur la structure des nerfs de l’utérus chez la femme.

L’équipe du Dr Nyangoh a réalisé un travail préliminaire en développant un modèle en 3D montrant comment les nerfs se connectent à l’utérus chez le fœtus, en utilisant des outils technologiques avancés. Mais l’innervation de l’utérus de la femme adulte est mal connu car la puberté et les hormones peuvent changer la manière dont les nerfs se développent.

Le projet vise à étudier et comparer des utérus « normaux » et des utérus de femmes ayant eu une hystérectomie à cause de l’endométriose. Grâce à des techniques de pointe, l’objectif est de créer un modèle 3D de ces utérus.

Au final, ce projet devrait permettre de comprendre si les changements dans les nerfs de l’utérus sont liés à l’endométriose et à ses symptômes douloureux. Cette connaissance pourrait aider à élaborer de nouveaux traitements plus adaptés pour vaincre la douleur pelvienne.

Projet 5 : Le sport pour gérer les symptômes de l’endométriose

L’activité physique adaptée comme solution complémentaire pour gérer les symptômes de l’endométriose, par Géraldine Escriva-Boulley, enseignante chercheuse au sein du LISEC, Université de Haute Alsace (UHA).

Le programme CRESCENDO a été le fruit d’une collaboration entre plusieurs équipes. Des équipes dans divers centres de soin Charles André Philip, Sophie Warembourg, Patricia Branche (Hospice civil de Lyon), Emilie Faller (CHRU Strasbourg), Georges Fabrice Blum (Clinique du Diaconat au moment de la rédaction du projet), Vincent Letouzey, Renaud Detayrac (CHU de Nimes), Thierry Michy, Candice Trocme, Bertand Toussaint, Patrice Faure, Patrice Flore (CHU Grenoble). Des équipes universitaires Aina Chalabaev (Laboratoire SENS, Université de Grenoble), Ulysse Herbach (Inria, Nancy), Claire Piluso (Laboratoire SAGE, UHA au moment de la redaction du projet), Carole Arnold , Isabelle Brigaud (Laboratoire IS2M, UHA), Lionel Lenotre (Laboratoire IRIMAS, UHA), Loic Chalmel (LISEC, UHA). Une équipe de professionnels avec Colin Charrier (Sporactio).

L’équipe s’est enrichie de deux ingénieures de recherche, Tracy Milane et Marie-Anne Jean et de deux spécialistes : Ramzy Kacem, Marc Puygrenier (GHRMSA, Mulhouse)

Ce projet a été financé par EndoFrance dans sa phase pilote, par l’ANR dans sa phase principale et par la fondation pour la recherche sur l’endométriose pour la phase de suivi et d’intervention retardée pour les groupes contrôles.

Dans leur récente publication, l’INSERM met en avant les effets bénéfiques de l’activité physique adaptée (APA) sur les maladies chroniques (INSERM, 2019). Dans les maladies chroniques, l’AP semble réduire la sévérité de la douleur et améliorer le fonctionnement physique (Geneen et al., 2017) et améliorer la santé psychologique et sociale (Eime et al., 2013). En d’autres termes, l’AP pourrait avoir un effet bénéfique sur les symptômes et les conséquences psychologiques et sociales de maladies telles que l’endométriose.

Nous avons élaboré un programme pour et avec des patientes souffrant d’endométriose en suivant trois étapes (enquete, programme pilote, programme principal). La dernière étape est en cours : 96/200 participantes ont été recrutées en mars et ont terminé le programme en octobre, 54/200 participantes ont été recrutées en novembre.

L’objectif était d’étudier les effets du programme comprenant l’APA et des activités éducatives ciblées. Plus précisément, il s’agissait d’étudier les effets de levier et les effets du programme sur la douleur perçue, la qualité de vie, l’activité physique, ainsi que sur la santé physique, sociale et psychologique des patients.

Hypothèses : Le programme pourrait (H1) compléter les traitements actuels de l’endométriose en réduisant la douleur, en augmentant la QdV, en augmentant l’AP, (H2) avoir des effets bénéfiques sur la santé physique, psychologique et sociale des patientes ainsi que sur les facteurs physiologiques. Enfin, un programme combinant l’APA et activités éducative sera plus efficace qu’un programme proposant ces interventions séparément (H3).

Pour tester ces hypothèse nous avons constitué 4 groupes : une groupe contrôle, un groupe activités éducative, un groupe APA et un groupe APA et activités éducatives. Nous avons sollicité la fondation afin de permettre aux groupes qui n’auraient pas bénéficié des séances d’activités physique d’en bénéficier et ainsi tester les effets de ce programme sur ce groupe pour renforcer la puissance statistique et ainsi la pertinence de nos résultats.

Financement du stage à l’étranger d’une jeune chercheuse

La FRE a pour objectif de favoriser l’émergence de nouveaux chercheurs dans le domaine de l’endométriose et de faciliter leur formation dans des laboratoires experts internationaux.

Emeline Dracos réalise pendant 6 mois un stage de Master 2 dans le laboratoire Institute for Regeneration and Repair à l’Université d’Édimbourg, sous la responsabilité du Pr Andrew Horne.

L’objet de l’étude est d’évaluer de façon exhaustive la fonction ovarienne et la fertilité dans un modèle animal murin d’endométriose.

Cette étude fournira la première évaluation de la fonction ovarienne dans un modèle murin couramment utilisé lors de l’étude de l’endométriose. Comprendre comment l’endométriose peut influencer la fonction ovarienne est essentiel pour améliorer les connaissances sur l’infertilité associée à l’endométriose et ouvrir la voie à de nouvelles stratégies de traitement et de protection.