Définition

La neurostimulation transcutanée ou TENS (Transcutaneous Electrical Nerve Stimulation) est une technique non médicamenteuse et non invasive pour soulager la douleur. Il s’agit d’un dispositif médical qui génère des impulsions électriques de faible intensité, au moyen d’électrodes placées sur la peau au niveau de la zone douloureuse.

Mécanismes

Contre la douleur, ces impulsions vont agir par deux mécanismes complémentaires : 

  • Stimulation à haute fréquence des fibres nerveuses du toucher (de gros calibre) qui transmettent plus rapidement l’information que celles qui transmettent la douleur (de moindre calibre). En arrivant en premier au niveau de la moelle épinière ce signal active un interneurone inhibiteur qui sécrète des endorphines bloquant ainsi la transmission de la perception douloureuse qui arrive en second. L’effet est immédiat, et lors de la séance de neurostimulation, la patiente peut régler elle-même l’intensité jusqu’à ressentir une simple sensation de fourmillements.  
  • Stimulation légèrement douloureuse (légère piqure) à basse fréquence au niveau de la peau entraînant la production d’endorphines par le cerveau. La patiente peut également régler l’intensité jusqu’à ressentir quelques secousses musculaires. L’effet est alors plus durable, persistant jusqu’à plusieurs heures après la stimulation et diffus sur l’ensemble de l’organisme.

Témoignage de la Docteure Amélie Seneau-Levesque (Nantes) : 

« Le TENS fait et doit faire partie de la première ligne de traitement des douleurs associées à l’endométriose. D’abord parce qu’il est dépourvu d’effets secondaires et que son efficacité a été démontrée par plusieurs études scientifiques à haut niveau de preuve. 

Les conditions de prise en charge de ce dispositif médical par l’assurance maladie, sont actuellement sous condition de prescription par un médecin algologue ou affilié à un Centre d’Etude et de Traitement de la Douleur.

Afin que les patientes plus jeunes, puissent bénéficier plus facilement et rapidement du TENS, sa prescription pour le remboursement mériterait d’être élargie aux médecins gynécologues ou généralistes ainsi qu’aux sages-femmes »

En pratique

En règle générale les électrodes autocollantes seront placées aux endroits douloureux ou juste autour. En ce qui concerne les douleurs périnéales et pelviennes, les électrodes peuvent être placées directement sur le bas du ventre, ou bien sur le trajet du nerf tibial postérieur (dont les racines nerveuses sont communes à celles des nerfs du périnée et dont la stimulation active au niveau de la moelle le même neurone inhibiteur que si la stimulation avait directement été faite sur le périnée). Dans ce cas et en pratique une électrode sera placée en arrière de la malléole interne sur la cheville et une autre 10 à 20 cm au-dessus, sur le mollet.

Intérêt dans l’endométriose

Le TENS a ainsi démontré son intérêt dans les dysménorrhées primaires [Elboim-Gagyzon 2020]. Une méta-analyse récente, rassemblant les résultats de 20 études, a démontré, en comparaison à l’absence de traitement, son efficacité dans la réduction des douleurs des règles [HAN 2024]. Une étude comparative a notamment pu démontrer une réduction significative des douleurs de dysménorrhées (-53%), par rapport à un dispositif médical placebo (-5%) [Guy 2022].   

Elle a cependant moins été évaluée spécifiquement dans l’endométriose [HAS 2017]. Mais une première étude comparative menée sur 154 patientes présentant des douleurs associées à l’endométriose montre qu’après 10 semaines d’utilisation, le TENS permet une réduction significative par rapport à l’absence de traitement, de la sévérité des douleurs, des symptômes d’endométriose, ainsi qu’une amélioration de la qualité de vie [Bi 2018]. Une autre étude plus récente chez 53 patientes atteintes d’endométriose et recevant un traitement hormonal, montre que l’adjonction de la neurostimulation a réduit la douleur pelvienne de 36%, et les douleurs de dyspareunies de 32%. [Mira 2020]. Toutes les études soulignent par ailleurs la très bonne tolérance de la neurostimulation transcutanée et le TENS permet notamment une épargne des traitements médicamenteux antalgiques » [Fritel 2025].

En complément des traitements conventionnels de l’endométriose, l’intérêt des dispositifs médicaux de neurostimulation est donc démontré en pratique courante. La prescription initiale pour une location ou un achat se fait par un algologue ou bien par un médecin affilié à un centre d’évaluation et de traitement de la douleur ou travaillant au sein d’une consultation douleur pluridisciplinaire. A noter également la possibilité de se munir d’un dispositif non remboursé, accessible sans ordonnance en pharmacie et sur le e-commerce. Avant utilisation par la patiente, une formation ou éducation thérapeutique, dispensée par un professionnel de santé (notamment les kinésithérapeutes) formé au traitement de la douleur, définit notamment les nombre et le rythme des séances, le placement des électrodes, et le réglage des paramètres. 

Le TENS fait donc partie des options de prise en charge des douleurs associées à l’endométriose. Ceci est confirmé par les derniers consensus publiés par le Collège National de Gynécologues Obstétricien Français et la société savante Convergences PP (Convergences in Pelviperineal Pain), et qui précisent sur le TENS que : « Toutes les études rapportent le caractère inoffensif de cette technique et son efficacité seule ou en complément des thérapeutiques médicamenteuses (traitements hormonaux et/ou antalgiques) » [Fritel 2025]. 

*Références bibliographiques