Interview d’Axelle Brulport, chargée de recherche à l’INSERM

Bonjour, pouvez-vous vous présenter, ainsi que votre structure ?

Je m’appelle Axelle BRULPORT. Je suis chargée de recherche à l’INSERM (Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale) et je viens de rejoindre l’équipe de Cyril Lafon à Lyon.

Pendant mon doctorat, j’ai travaillé sur les impacts transgénérationnels des perturbateurs endocriniens sur le métabolisme énergétique et la reproduction à l’Université de Bourgogne. Ensuite, en post-doctorat, j’ai rejoint l’équipe de Camille Berthelot à l’Institut Pasteur de Paris pour développer un projet sur l’évolution des menstruations chez les primates de façon à mieux comprendre ce trait rare présent en réalité chez très peu de mammifères.

Actuellement, je développe des modèles cellulaires en 3D pour mieux comprendre les mécanismes de l’endométriose et les effets des traitements utilisés pour réduire les symptômes de cette maladie.

Axelle Brulport présentant les résultats de ses recherches sur l'endométriose

Pourquoi avoir choisi l’endométriose comme sujet de recherche ?

Au cours de mon post-doctorat, j’ai travaillé sur des échantillons de fluide menstruel de femmes saines. J’ai choisi d’inclure en parallèle de cette étude, un groupe de femmes atteintes d’endométriose. Le fluide menstruel est accessible de façon non-invasive et il contient l’ensemble des cellules que l’on retrouve dans l’endomètre (muqueuse qui tapisse la face interne de l’utérus). Ce fluide présente donc de nombreux atouts pour étudier la maladie.

Où en sont vos recherches sur l’endométriose ?

Un an après le démarrage de cette étude pilote, 5 femmes saines et 6 femmes atteintes d’endométriose symptomatique de stade III/IV ont été incluses dans l’étude. Les critères d’inclusions très stricts ont ralenti le processus d’inclusion et nous ont amené à refuser beaucoup de volontaires, mais ils vont nous permettre d’obtenir des résultats robustes et pertinents.

Grâce à une technologie de pointe, nous avons réussi à étudier l’expression des gènes dans chacune des cellules composant le fluide menstruel. Les modifications observées entre les 2 groupes devraient nous permettre d’identifier des biomarqueurs spécifiques de la maladie et de mieux comprendre les mécanismes de l’endométriose. Les analyses et le traitement des données vont prendre encore quelques mois.

Vous avez récemment reçu un don important de 20 000€, pouvez-vous nous en dire plus ? Qu’est-ce que cela a changé pour vos recherches ?

D’un point de vue scientifique, ce financement de 20 000 euros m’a permis de développer ma propre thématique de recherche pendant mon post-doctorat et d’obtenir des données préliminaires nécessaires à l’obtention de financements plus importants.

D’un point de vue personnel, en tant que jeune chercheuse, ce financement a contribué à l’accélération de ma carrière, qui sera en grande partie dédiée à la recherche sur l’endométriose.

Comment sont financés vos recherches ? Comment les lecteurs de cette interview peuvent-ils vous aider ?

En tant que chercheuse salariée d’un organisme publique, mes principales sources de financements sont des subventions publiques. Ces financements sont très compétitifs (de l’ordre de 10 à 15% de réussite) et en général, il est nécessaire d’avoir des données préliminaires validant la faisabilité du projet soumis. Or la recherche sur l’endométriose est sous-financée, il est donc difficile pour les chercheurs d’obtenir ces données préliminaires. Les financements de la FRE, grâce aux dons qu’elle reçoit, sont fondamentaux pour nous permettre d’acquérir ces données.