La cause de l’endométriose est complexe, multifactorielle et encore inconnue sur plusieurs aspects [Cano-Sancho 2019]*.

Pour expliquer l’implantation de tissu endométrial en dehors de l’utérus, l’hypothèse dominante est celle des menstruations rétrogrades. Le sang des règles contenant des fragments d’endomètre, peut en effet remonter à partir de l’utérus vers les trompes de Fallope, les ovaires et la cavité pelvienne. Ces régurgitations vont pouvoir alors se répartir et stagner dans la région abdomino-pelvienne, pour être à l’origine du tissu endométrial qui se fixera dans les différents organes concernés par l’endométriose. L’activation de ce tissu par les œstrogènes provoquera alors une inflammation génératrice des symptômes douloureux qui s’exprimeront selon les sites d’implantation [Morotti 2017]*. L’endométriose est ainsi souvent décrite comme une maladie gynécologique inflammatoire [Zondervan 2018]*.

L’association de l’endométriose avec des désordres immunitaires est par ailleurs probable, sans pouvoir déterminer si c’est une cause ou une conséquence [Symons 2019]*.

D’autres hypothèses ont été proposées telles que celle de la transformation de cellules embryonnaires abdominales en cellules endométriales (métaplasie) ou bien celle de cellules souches, issues de l’endomètre, et qui se propageraient dans l’espace abdomino-pelvien [Hufnagel 2015, Gargett 2014]*. Par ailleurs, le réseau vasculaire et lymphatique abdominal semble intervenir en favorisant la migration de l’endomètre dans la région abdomino-pelvienne [Jerman 2015]*.

Quels peuvent être les liens entre le microbiote et l’endométriose ?

Le microbiote est constitué de micro-organismes tels que des bactéries, des champignons ou des virus qui vivent en symbiose avec notre corps. Pour certains auteurs, il y aurait environ dix fois plus de ces micro-organismes que de cellules dans notre corps [Laschke 2016]*.

Le microbiote le plus abondant est celui de l’intestin (on parle aussi de flore intestinale) et c’est le plus étudié car il semble impliqué dans de nombreuses maladies à caractère inflammatoire, comme cela est le cas pour l’endométriose [Doroftei 2021]*. Depuis le développement des techniques de séquençage ADN, le profil génétique du microbiote intestinal est mieux connu (on parle de microbiome). On peut donc étudier le lien éventuel entre l’endométriose et un déséquilibre du microbiote (dysbiose) [D’Alterio 2021]*. La présence de protéobactéries telles qu’enterobacteriaceae, streptococcus spp et escherichia coli semble ainsi plus fréquente en cas d’endométriose [Leonardi 2020].

Par ailleurs, en réduisant l’activité enzymatique de certaines bactéries, une dysbiose intestinale peut aussi altérer le métabolisme des œstrogènes dont l’endométriose est dépendante [Baker 2017, Leonardi 2019, Jiang 2021]*, La partie du microbiome qui interagit avec les œstrogènes (estrobolome) peut ainsi induire un dérèglement hormonal et contribuer à l’état inflammatoire responsables des symptômes de l’endométriose [Saliss 2022]*. 

Le microbiote vaginal est plus simple que le microbiote intestinal car il est principalement constitué de lactobacilles et la richesse et la diversité en lactobacilles est un signe de bonne santé du microbiote vaginal. Or, l’endométriose est aussi associée à une pauvreté du microbiote vaginal en lactobacilles [Jiang 2021, Ata 2013]*, alors que l’émergence de certaines bactéries opportunistes telles que Gardnerella et Prevotella a pu être observée chez des patientes présentant la maladie [Hernandes 2020, Koninckx 2019]*.

Un autre compartiment du corps où l’on trouve des bactéries de façon naturelle, est le liquide péritonéal. Dans le fluide péritonéal, il a été montré en cas d’endométriose, une abondance plus élevée d’Acinetobacter, de Pseudomonas, de Streptococcus, et d’Enhydrobacter et une diminution de Propionibacterium, d’Actinomyces et de Rothia [Lee 2021]*, ainsi que de marqueurs de l’inflammation.

Le profil du microbiote intestinal ou du mucus cervical pourrait aussi être un moyen de dépistage précoce de l’endométriose ou d’évaluation de sa sévérité [Huang 2021, Kovacs 2021, Perotta 2020]*.

Au-delà, la régulation du microbiote représente une approche thérapeutique prometteuse, notamment avec la consommation de probiotiques [Molina 2020, Chouzenoux 2021]*. Cette approche reste complexe et mérite d’être étudiée plus avant.

L’intérêt des antagonistes des œstrogènes ou bien un meilleur équilibre de la flore intestinale doivent être également étudiés [Leonardi 2019, Laschke 2016]*.

*Références bibliographiques


Mise à jour : juin 2022