L’étude des facteurs épigénétiques évalue l’influence de l’environnement sur l’expression des gênes parfois appelée phénotype.  Parmi ces facteurs, le microbiote est actuellement très étudié pour son rôle inducteur ou protecteur d’endométriose.

Etude récente sur le Fusobacterium

L’hypothèse épigénétique d’une contamination bactérienne favorisant le développement de l’endométriose a déjà été évoquée par des études ayant montré que, chez les femmes présentant cette maladie, on retrouve une présence plus importante dans le fluide menstruel de la bactérie Escherichia coli, celle-ci étant source de toxines et d’inflammation [Kahn – 2010]*. Cette théorie a été renforcée par une étude similaire récente sur le Fusobacterium, bactérie anaérobie présente dans le microbiote intestinal et vaginal ainsi que dans les gencives, et souvent impliquée dans l’inflammation des muqueuses [Muraoka 2023]*.

Démonstration du rôle pathogène du Fusobacterium dans la formation de l’endométriose ovarienne

Ces chercheurs de l’université de Nagoya ont ainsi démontré le rôle pathogène du Fusobacterium dans la formation de l’endométriose ovarienne* :

  • D’une part, l’étude d’une cohorte de 84 patientes a montré que 64,3% des femmes atteintes d’endométriose présentaient une infiltration de Fusobacterium dans l’endomètre, contre 7,1% seulement chez les femmes sans endométriose. Cette présence plus importante de Fusobacterium n’est pas sans conséquences car les analyses immunohistochimiques et biochimiques réalisées in vitro ont révélé que l’infection par Fusobacterium activait un facteur de croissance (le TGF- β) pour modifier les fibroblastes de l’endomètre. Ces fibroblastes alors transformés appelés myofibroblastes « TAGLN-positifs » ont ainsi la capacité de proliférer, d’adhérer et de migrer, comme ce qui est observé dans l’endométriose où des cellules de l’endomètre migrent anormalement vers les organes génitaux (ovaires ou vagin) et parfois vers le rectum, le côlon ou la vessie.
  • D’autre part, une expérimentation chez l’animal (souris) a montré qu’après inoculation de Fusobacterium chez la souris on observe une augmentation marquée des myofibroblastes TAGLN-positifs ainsi qu’une augmentation du nombre de lésions endométriosiques. Et inversement, dans ce même modèle animal, un traitement antibiotique (métronidazole et chloramphénicol) a réduit le nombre des lésions endométriosiques.

Perspective : traitement de l’endométriose par antibiotiques

Ces données récentes suggèrent sur un terrain prédisposant, le rôle inducteur du Fusobacterium dans l’endométriose. Elles ouvrent la perspective d’études cliniques destinées à évaluer une nouvelle approche thérapeutique non hormonale pour traiter cette maladie par des antibiotiques chez les femmes atteintes de la maladie et dont un écouvillonnage vaginal ou utérin serait positif au Fusobacterium.


Date publication : septembre 2023

*Bibliographie